21 heures, mardi 23 septembre, à l’hôpital de Martigues, boulevard des Rayettes. La salle d’attente des urgences est pleine. Ambulances et camions de pompiers défilent devant l’entrée. À l’intérieur, un écran affiche en temps réel l’état du service : 20 personnes en attente, 16 en soins, deux dans un état grave.
Entre blessures sportives, mauvaises chutes et querelles de voisins, les infirmières d’accueil font le tri. « Quantifiez votre douleur sur une échelle de 1 à 10. » Et gare à celui qui la minimise ; l’attente n’en sera que plus longue. L’attente. C’est bien là tout le problème des urgences, trop souvent saturées. L’hôpital de Martigues était pourtant pris en exemple par la ministre de la santé, Marisol Touraine, en octobre 2013, pour sa gestion des lits d’aval qui lui permettrait de désengorger le service des urgences. Ce soir-là pourtant, certains doivent patienter presque trois heures avant de voir un médecin.
Pas d’urgences sans attente
Un jeune footballeur voit par exemple passer devant lui tous les patients qui sont arrivés accompagnés des pompiers ou d’une ambulance. Blessé à la cheville, il perd patience : « Si j’avais su, j’aurais appelé les pompiers plutôt que de venir en voiture ! ». Un peu plus loin, une petite fille dont les oreilles sont infectées s’inquiète de cette attente interminable : « C’est le matin ? Je vais être en retard à l’école ! ». À côté d’elle, un couple est préoccupé par l’état de santé de l’un de ses proches. Car dès leur arrivée aux urgences, les patients transportés par le SAMU ou les pompiers sont séparés de leurs « accompagnants ». Ces derniers doivent alors attendre qu’un médecin soit passé avant de pouvoir rejoindre leurs proches.
Rester sans nouvelles pendant plus de trois heures étant parfois difficilement supportable, certains craquent et s’en prennent au personnel soignant. Une affiche placardée sur chaque mur met en garde : « Pour avoir fait preuve de violence envers le personnel hospitalier, Madame B. a été condamnée à 6 mois de prison avec sursis et 3 500 euros d’amende. L’hôpital poursuit systématiquement les personnes qui se montrent violentes. »
Une patiente s’enfuit et se retrouve sur le viaduc de Martigues
Genou déboîté, nez ou bras cassé, fémur fracturé… ces blessures de la vie courante sont le lot quotidien des urgences de Martigues. Sans oublier les urgences pédiatriques, les « fausses alertes » et les problèmes liés à la consommation d’alcool.
Mardi 23 septembre, un autre cas vient perturber le service : une patiente d’une cinquantaine d’années échappe à la vigilance de l’infirmière qui s’occupe d’elle et parvient à s’enfuir. Alors que le personnel fait le tour de l’hôpital pour la retrouver, son signalement est finalement donné de longues minutes plus tard, sur le viaduc de Martigues. Désorientée, la patiente marche en plein milieu de la voie rapide avant de finalement passer de l’autre côté de la rambarde et de disparaître dans les herbes hautes. Mobilisés, pompiers et gendarmes accompagnés de leurs chiens s’organisent pour retrouver la quinquagénaire.
Minuit, la salle d’attente s’est vidée. Deux nouveaux patients attendent leur tour et l’écran d’accueil retrouve des chiffres plus raisonnables : 5 patients en attente seulement. Alors que la nuit s’installe, ce sont d’autres types de patients qui s’apprêtent à défiler : alcool, bagarre, violences… l’ambiance a déjà changé alors que les portes se referment sur le dernier patient arrivé à 21 heures.