Un peu foot mais pas à la folie
Le Mucem propose jusqu’au 4 février une exposition inédite : Nous sommes foot. Titre prémonitoire puisque cet événement culturel ne soulève pas un grand enthousiasme. En tous cas chez les jeunes qui bâclent le parcours proposé – fort didactique et bien illustré pourtant – en quelques minutes. On pose ses fesses une seconde, sur la glacière chère à l’entraîneur Marcelo Bielsa, pour regarder des images du passé, on se fait une partie de babyfoot, on regarde à peine l’évocation émouvante du foot en camp de concentration, puis on file dans les coursives du grand navire aux voiles de béton dentelle pour se livrer à quelques dribles imaginaires plus rigolos que ce rendez-vous au musée. Dans un journal austère distribué gratuitement à l’entrée de l’exposition, on s’interrogeait sur l’audace de la démarche : « Le football exposé sous toutes les coutures dans un grand musée ? Quelle étrange idée ! ». L’OM n’a pas participé à cette initiative pour des raisons plus ou moins obscures. Il n’est pas certain que ses supporters se passionnent pour cette évocation footballistique malgré la gratuité dont bénéficient les mineurs. Ils étaient nombreux par contre à venir bader cette semaine les stars du ballon rond, Florian Thauvin et Maxime Lopez, s’adonnant aux jeux vidéo à la Fnac. Comme si le football ne s’appréciait qu’au présent.
La Ciotat telle qu’il la rêvait
Tapie en avait rêvé lorsque le chantier naval de la Normed a rendu l’âme à la fin des années 80. Il voyait ce qui fut un des fleurons de la construction navale se transformer en réceptacle des hautes technologies pour rafler en Méditerranée l’entretien, la réparation et la rénovation des plus beaux yatchs du monde. Aux yeux du chef d’entreprise, la ville ne pouvait que sortir gagnante de ce pari. Faute d’investisseurs fiables et malgré l’accord de la CGT prête alors à suivre le patron de l’OM, le projet resta à quai. Finalement c’est le maire LR de La Ciotat, Patrick Boré, qui, en rugbyman de haut niveau qu’il est, est entré dans la mêlée pour initier ce que le footeux avait simplement imaginé. Les bateaux de rêve viennent désormais se refaire une santé à quelques centaines de mètres de la gare rendue célèbre par les frères Lumière terrifiant, à la fin du XIXe siècle, les salles obscures avec un train à vapeur. Le port du coup va lui aussi bénéficier d’un lifting et se doter à son tour d’une promenade comme en trouve à Sainte-Maxime, Sanary ou Bandol. En 2019, on pourra se balader entre vieux village et formes du chantier et rêver de partance de luxe en longeant les Rolls des mers. La municipalité fera tout pour préserver les barques traditionnelles qui font le charme de La Ciotat. Tant mieux. Si elle permet également à la population de « travailler et vivre au pays » comme le préconisaient naguère les slogans ouvriers, ce sera une réussite totale. Sinon, on verra hors saison, comme à Saint-Tropez, des volets clos sur ce front d’immeubles aux couleurs retrouvées.
Loin des yeux loin du cœur
Le balcon du 4 étoiles où séjourne Jean-Luc Mélenchon pendant ses villégiatures marseillaises tourne le dos au nord. Tant mieux, le leader des Insoumis pourrait y voir ce qui se passe dans son camp, tout là-haut à Paris, où certains de ses élus se font tirer l’oreille pour se loger dans des conditions peu compatibles avec leurs nouveaux revenus. Après Alexis Corbière et sa compagne Raquel Garrido dont les salaires tangentent avec les 15 000 euros et qui ont fini par renoncer à leur HLM, c’est Danielle Simonet qui s’entête à vouloir rester dans un appartement à loyer très modéré. Sous prétexte – c’est sa défense – qu’elle ne veut « pas enrichir un bailleur privé ». Quelle belle âme ! La conseillère de Paris n’a de cesse de traiter Emmanuel Macron de « président des riches » mais elle s’acquitte pour 83 m² d’une mensualité de 1 300 euros, ce qui dans la capitale est plus qu’un privilège. Du coup, son patron va devoir expliquer aux 80% de Marseillais éligibles au logement social que ce qu’il dit à Marseille n’est pas nécessairement ce que ses militants font à Paris. On ne se méfie jamais assez de ses amis.
On n’a pas tous les jours 20 ans
IAM vient de fêter les 20 ans de l’école du Micro d’Argent et a fait un triomphe à Montréal. La renommée du groupe IAM a depuis longtemps franchi les frontières. Le mérite en revient à leur rap inventif, corrosif et pour tout dire typiquement marseillais. L’exploit vaut bien celui de l’OM qui a conquis l’Europe d’autant que si l’on en croit le leader du groupe, Akhenaton, « Marseille c’est Barcelone le jour et Barcelonnette la nuit ». En langage décodé pas facile de se faire une réputation dans une ville où la movida se résume à quelques semaines de fiesta. Ce qui fait la réputation d’IAM, c’est qu’il a, à la manière d’un Robert Guédiguian au cinéma, parfaitement assimilé puis transmis ce qui fait la substantifique moëlle du parler marseillais. Je danse le Mia a été à la musique française ce que Marius et Jeannette a été au septième art. Concernant IAM, les tentatives de biographie ou d’explications journalistiques ont été des échecs, voire des élucubrations intello-vaporeuses. En fait, seul IAM peut parler d’IAM. Une relation charnelle avec les mots, le son, le phrasé, le corporel, la tripe. L’approche ne peut être que frontale, violente, subversive. Ces garçons et leur musique sont à l’image du Panier. Un quartier qui dégringole, se ramasse, se relève, se révèle, s’encanaille, s’assoupit, triomphe, crie misère et, toujours recommencé, revendique sa place au soleil. IAM, je suis. Un point c’est tout.
Des œufs d’or… dur
Madame Dominique Vlasto, adjointe au maire chargée du tourisme, ne va pas rassurer ceux qui s’inquiètent des nuisances qu’apportent les bateaux de croisière. En substance, elle a expliqué ce samedi dans La Provence que si les paquebots polluaient cela restait infime par rapport à l’ensemble de l’activité portuaire marseillaise. Le trafic marchand étant, selon elle, infiniment plus nocif. Celle qui a siégé jusqu’en 2014 au parlement européen n’ignore rien des directives qui imposent aux exploitants de ces navires des normes, notamment l’utilisation d’un fuel ne dépassant pas 0,10% de soufre. Des militants écologistes et des responsables de quartier sont venus récemment témoigner de l’ampleur de la pollution devant l’association Marseille et moi. Ils alarment régulièrement la municipalité des dangers pour la santé que fait peser sur la population riveraine du port – notamment le Panier – l’activité soutenue des bateaux de croisière et de ceux qui assurent les dessertes avec la Corse ou l’Afrique du Nord. Pour les croisières, Madame Vlasto a un argument qui lui permet d’affirmer qu’il est urgent d’attendre que les bateaux soient en règle comme dans le nord de l’Europe : « Si nous ne les accueillons pas, d’autres le feront. Il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or ». Et tant pis si les Marseillais y laissent des plumes.
Ça rigole plus
On ne dira jamais assez les dangers de la toile planétaire. Voilà-t’y-pas qu’un « youtubeur » anonyme vient de démasquer nos meilleurs humoristes. Et pas des moindres, Gad Elmaleh, Djamel Debbouze, Tomer Sisley, Arthur… Images à l’appui le vengeur masqué démontre que nos champions du rire se sont inspirés, pour de nombreuses vannes, des prouesses d’artistes américains. Oh la honte ! Comme dirait Djamel, mais « dis-moi pas que c’est pas vrai ? ». Du coup on regarde du côté de notre élite du rire marseillais. Et si Patrick Bosso avait lui aussi copié son désormais célèbre « pas de stress », sur un publicitaire newyorkais ? Et si Elie Kakou avait emprunté son immortel « mais vous êtes juif ?» à Woody Allen ? Et si Marcel Pagnol avait piqué sa fameuse réplique, dans Marius – « Quand on fera danser les couillons, tu seras pas à l’orchestre » – à un auteur de country ? Pas de quoi rire ! Il ne reste plus, pour quelques naufragés de l’esprit, qu’à aller ricaner avec Dieudonné à qui, le 19 novembre, les programmateurs inspirés du Dôme, ont offert une agora inespérée. Celui qui se prétend encore humoriste donnera à Marseille son spectacle Dieudonné dans la guerre. Sûr que celui-là n’a plagié personne.