Les femmes se déchirent… pour des hommes
C’est une des contradictions des primaires de la droite. Les femmes sont sous-représentées et le parti républicain est à l’amende pour non-respect de la parité, à hauteur de 4 millions d’euros par an. Cela n’empêche pas ces dames de se crêper le chignon à Marseille, comme à Aix. Nathalie Kosciusko-Morizet ayant été réduite à une candidate de témoignage, on a vu nos élues se répartir dans des camps radicalement opposés. Maryse Joissains est montée, bravache comme toujours, sur scène aux côtés du pressé Nicolas Sarkozy, pendant que sa fille Sophie préférait suivre le train de sénateur d’Alain Juppé. Martine Vassal jouait la discipline marseillaise derrière Renaud Muselier et l’ancien président de la République, pendant que Valérie Boyer se retrouvait dans les racines chrétiennes de Fillon. Bon on attend la suite pour savoir si ces guerrières seront récompensées de leurs efforts à vouloir faire élire une fois de plus un mâle à la présidence de la République.
Le moteur de la haine
L’informatique nous a apporté des progrès indéniables, comme ces moteurs de recherche qui facilitent la tâche des chercheurs, des bachoteurs ou encore des simples curieux. Mais il y a parfois une mécanique qui fait peur. En ces temps de règlements de compte républicains c’est le moteur de la haine qui a embrayé de plus belle, si l’on peut dire. Les tenants d’une nouvelle croisade anti-islam se sont particulièrement déchaînés sur Alain Juppé, coupable à leurs yeux de vouloir pactiser avec le diable. Ils le prénomment donc « Ali » pour lui faire payer son désir de France apaisée et ses bonnes relations avec ce culte à Bordeaux, sa ville. A Marseille, où les anti-Juppé sont très violents, à lire leur « prose » sur les réseaux sociaux, on apprend que les survivants de la déportation sont de moins en moins nombreux. A Bordeaux une rescapée de la shoah vient d’être invitée à témoigner à la grande mosquée devant 50 jeunes musulmans. Qu’ajouter de plus…
La proximité mais c’est bien sûr
Intéressant dossier ce samedi de notre confrère Libération. Où l’on nous explique que les médias américains font leur mea culpa pour avoir si mal appréhendé le phénomène Donald Trump. Et où on lit qu’il faut que les journalistes politiques en finissent avec la course aux petites phrases, pour aller labourer le terrain, ces terres profondes qui ne disent pas toujours aux sondeurs pour qui elles penchent. Faire de la proximité en quelque sorte. On peut rapporter cette réflexion à notre ère marseillaise. Longtemps les pratiques journalistiques locales s’interdisaient d’aller voir de près comment le FN prospérait. Il y avait alors quatre titres pour les lecteurs marseillais. Le Méridional, Le Provençal, La Marseillaise et le Soir. Le premier était embarrassé avec le FN parce qu’il avait eu un de ces éditorialistes élu en 1986 député du parti de M. Le Pen. Les trois autres ignoraient ou brocardaient, sans aller y voir de très près, ces électeurs qui choisissaient ce vote extrême. Bernard Tapie n’avait-il pas déclaré que c’était des « salops ». On est dans cette région à la veille de scores records pour le FN et la presse pourrait une fois de plus se « trumper ».
Arles pris pour Tarascon
Arles avait jusqu’ici « l’arlésienne » qui était parfois difficile à trouver. Tarascon sa voisine avait Tartarin ce beau parleur au ventre aussi gros que ses bobards. Le musée Van Gogh d’Amsterdam (photo Une) doit confondre les deux villes. En tout cas, il met sérieusement en cause l’authenticité du carnet de croquis – un livre de compte sur lequel était gravé 65 dessins – que les éditions du seuil viennent de publier. Les experts hollandais affirment qu’il s’agit de faux, même s’ils n’ont jamais accepté la confrontation avec leurs homologues qui ont travaillé pour le Seuil. La maison a publié ce recueil intitulé – à juste titre désormais – « Brouillard d’Arles ». C’est une constante, on n’aime pas les découvreurs, quand on n’en est pas. Lorsque la gourmette d’Antoine de Saint- Exupéry avait été remontée en 1998, du fond où elle avait séjourné plusieurs décennies au large des calanques de Marseille, ce fut un tollé. Le marin-pêcheur qui avait ramené dans ses filets cet émouvant trésor avait été vilipendé. Comme furent moqués les journalistes qui l’avaient cru, Jacques Pradel et Hervé Vaudoit. Et puis la vérité s’est imposée et le bijou a été identifié comme celui que portait le pilote lorsqu’un chasseur allemand l’avait abattu en juillet 1944. Il n’y eut aucune excuse de la part de ceux qui avaient douté. Le rectificatif n’a jamais bonne presse.
Les vœux pieux marseillais et les autres
Il implore les dieux municipaux de l’entendre. Eux le font attendre. André Stern, architecte de réputation internationale, nourrit depuis plus d’une décennie l’ambition de réaliser une réplique de la grotte Cosquer. Elle avait été évoquée sous le second mandat de Robert P. Vigouroux (1989-1995). On sait que la grotte sous-marine découverte en 1991 par Henri Cosquer et ses 200 figurations datées entre 27 000 et 19 000 ans ne seront jamais plus accessibles au commun des mortels. Elles reposent à une profondeur de 38 mètres et si la grotte est classée monument historique, seuls quelques scientifiques peuvent être autorisés à y pénétrer. La reproduire avec notamment les techniques que le numérique offre à ce type d’entreprise était pour le moins une idée prometteuse. Las on ne semble pas pressé côté élus. Pour la grotte de Lascaux on apprend cette semaine que la nouvelle réplique va ouvrir au public. Dans le Périgord Noir on se réjouit pour la « chapelle sixtine » du paléolithique. On attend 1 million de visiteurs par an. Et si Marseille se réveillait.
Cinquante et une
On se souvient du cri scandalisé de César dans la trilogie de Pagnol lorsque M. Brun – un Lyonnais – prétend qu’il a vu à Paris cinquante Canebière. Impossible pour un Marseillais qui se respecte, qu’il puisse y avoir une autre plus belle avenue du monde. Mais tout cela c’est du passé et même du cinéma. Marcel Pagnol écrirait-il la même réplique aujourd’hui ? La Canebière, malgré les soins qu’on lui a apportées, sa rénovation largement entamée et encore quelques projets de reconquête avancés, ne se porte pas bien. Pire elle se dégrade et s’il n’y avait quelques îlots pour la rendre encore attractive – l’Odéon, le Gymnase, La faculté de Droit et autres Maupetit – elle serait quasiment à l’abandon. Là encore il faut plus qu’une rustine pour regonfler ce cœur de ville et se rendre à l’évidence : les communautés multiples qui composent la ville coexistent mais ne se croisent pas. Fusse sur « la Canebière qu’on connait sur tous les hémisphères ».