Horizon bouché pour les territoriaux
Bernard Accoyer, nouveau patron des Républicains, a explicité sans ménagement excessif, l’ordonnance que veut prescrire, s’il est élu François Fillon, son champion, au pays. Le bon docteur ne pense pas que le député de la Sarthe pourra, sans risque, diminuer le nombre des fonctionnaires dans les domaines de la Justice, de la Police ou encore de la Santé. En revanche, il préconise un remède de cheval pour les Territoriaux, les municipalités n’ayant pas pris grand soin des deniers publics depuis 1980. A Marseille et dans la métropole, cela va être compliqué pour les élus Républicains ou centristes d’expliquer cette saignée annoncée. Après Defferre et Vigouroux, Jean-Claude Gaudin avait juré, promis, craché, que les effectifs seraient revus à la baisse. Mais ce fut, comme le parc automobile de la ville dont on n’avait pas vu arriver l’obésité, le contraire qui s’est passé. Lorsque l’on sait qu’avec l’aide objective de Force Ouvrière, cette propension à engager les « amis », les « proches », les « parents » est devenu une des règles du clientélisme local, on peut penser que certains vont pousser des cris d’orfraie du genre, « au secours, Fillon ! ».
Hollande, morne plaine
C’est la traversée d’un très long plat pays qui s’annonce pour les socialistes du « 13 ». Si, au niveau national, cette formation politique est morcelée comme le répètent à l’envi les commentateurs, au plan local elle est atomisée. Il y a fort à parier que ce camp retranché se divise une fois de plus, à l’occasion des primaires d’autant que certains sont atteints d’un strabisme convergeant en direction d’Emmanuel Macron qui se présente ailleurs, c’est-à-dire, nulle part, si on se souvient de l’aventure sans lendemain d’un certain Michel Jobert. Tous ces hérauts fatigués, ont en tête bien évidemment un horizon qui dépasse la morne plaine qu’Hollande a laissée, en quittant le paysage politique. L’expression, qui a fait écho depuis que ce bon père Hugo nous l’a livrée dans Les Châtiments, colle parfaitement à la situation de ceux qui, ici, se battent encore au nom de la rose. Nous vous livrons ces vers… prémonitoires.
« Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine !
Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine,
Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons,
La pâle mort mêlait les sombres bataillons.
D’un côté c’est l’Europe et de l’autre la France.
Choc sanglant ! Des héros Dieu trompait l’espérance ;
Tu désertais, victoire, et le sort était las.
Ô Waterloo ! je pleure et je m’arrête, hélas !
Et bien sûr cela s’appelle Expiation
Toujours la rose
Elle a surpris son petit monde. En tout cas, celui de ses courtisans. Marine Le Pen a choisi une rose bleue foncée, sans épine, pour souligner son prénom et effacer, au passage, le nom, Front National, qu’avait trouvé pour son parti son géniteur, Jean-Marie Le Pen. Le rouge au front donc, elle a décidé sans consulter de s’engager dans la Marine. A y regarder de près cette rose quelque peu stylisée fait penser à ces bijoux utiles que les dames, naguère, plantaient dans leurs cheveux pour retenir leur abondante chevelure. Parfois une arme d’auto-défense redoutable pour repousser un prétendant trop empressé. Gilbert Collard lorsqu’il était l’avocat de Pierrette Le Pen avait organisé une retentissante photo de sa cliente en soubrette dénudée dans Play-Boy. Elle se vengeait ainsi de son époux qui l’avait jetée à la rue et lui avait dit « tu n’as qu’à aller faire des ménages ». L’avocat qui n’avait pas encore rejoint l’extrême-droite confiait alors que cette famille s’apparentait aux Borgia. D’où peut-être cette rose, sous forme de stylet.
La croix et la bannière
Valérie Boyer (photo une) a inventé la « croix arménienne » à géométrie variable. Pour l’avoir observée sur plusieurs chaînes le soir du triomphe de François Fillon, on a pu voir qu’elle arborait, ou pas, la croix qui fit débat pendant quelques heures. Il n’est pas sûr que le grand public soit très choqué par ce choix religieux, affectif ou opportuniste, de la députée de Marseille qui doit tenir compte dans sa circonscription (11-12) de la présence d’une forte communauté arménienne. On verra, si le très prudent François Fillon qui déteste l’ostentation et a souffert de la bling-bling attitude de celui dont il fut le « collaborateur » pendant cinq ans, s’accommode des emportements spirituels de sa porte-parole des primaires. A l’heure où nous écrivons, et dans l’éventualité d’une victoire à la prochaine présidentielle, la Marseillaise, née à Bourges, est ministrable. A moins que le discret Guy Teissier, filloniste lui aussi, ne se glisse dans cette partie dont l’issue reste improbable. Il va falloir espionner celui ou celle qui allume un cierge à Notre Dame de la Garde.
Aix-en-Provence bat plusieurs records
N’en déplaise à sa fille Sophie, qui soutenait Alain Juppé, Maryse Joissains a montré une vélocité olympique pour retourner sa veste en faveur de François Fillon, après avoir été fan inconditionnelle de Nicolas Sarkozy. Les faits lui ont donné raison puisque le Pays d’Aix a battu des records en atteignant les 75% pour Fillon, notamment à Saint Marc-Jaumegarde, championne incontestée par ailleurs de l’ISF. Autre record et ceci explique peut-être cela, Aix a été condamnée à une amende de 1,12 millions euros pour non-respect de la loi Solidarité et Rénovation Urbaine qui impose aux communes de plus de 3500 habitants de disposer de 25% de logements sociaux. Mme Joissains est, de ce point de vue, fidèle à ses convictions et depuis son premier mandat elle proclame à qui veut l’entendre qu’elle ne veut pas accueillir toute la misère du monde, et particulièrement celle de Marseille. En revanche elle souhaite que sa ville reste une grande place judiciaire, universitaire, administrative… Mais il parait difficile de réaliser ce vœu sans l’accompagnement social que cela induit à commencer par l’habitat. Et puis, « que diantre » comme le disent quelques hobereaux locaux en regardant leur personnel de maison ou de jardin, « on ne va pas en plus leur rembourser leur déplacement à ces gens-là ! »
Planquez tout
Le tribunal administratif de Marseille ne s’est pas donné un mal de chien pour donner raison au maire de Béziers, l’inimitable Robert Ménard. Oui l’édile du Languedoc pourra avoir recours à l’ADN pour repérer les chiens qui défèquent sans gêne dans les rues. On n’en est pas encore au massacre de la croisade des Albigeois (22 000 morts à Béziers), mais ça sent l’euthanasie à venir pour la gent canine. A Paris c’est Anne Hidalgo qui est parti avec une troupe de 1900 agents de sécurité à la chasse aux incivilités. 75 euros pour ceux qui, entre autres, pris d’une envie pressante, prennent les murs et les rues des citoyens pour des vespasiennes publiques. Retour à Marseille où La Provence nous glace le sang et les os, en répertoriant plusieurs millions de rats dans nos rues. L’hygiène bien évidemment est en cause. Mais la municipalité a commencé à agir. En tout cas elle l’affirme. Des petites équipes sanctionnent notamment les dépôts d’ordure hors heures légales et autres tas d’immondices. Pour le moment à dose homéopathique. Certains se disent qu’elle pourrait aussi regarder du côté des services qui bâclent le ramassage, laissent les conteneurs ouverts après les avoir vidé, ou éparpillent en raison de la vitesse des bennes, les ordures sur la chaussée. Mais on a appris surtout qu’une brigade allait surveiller ceux qui veulent végétaliser les rues de l’hyper-centre. Ces spécialistes sont-ils chargés de vérifier que les plantes ne font pas de bruit quand elles poussent ? Mystère.