Putain cinq ans
On se souvient de cette Une reprenant à son compte le Jacques Chirac des Guignols de l’Info. C’était Libération qui célébrait à sa manière la réélection de Chirac à la magistrature suprême. Les Marseillais ou au moins ceux de la 4e circonscription pourraient s’emparer de la tonique expression. Leur représentant à l’Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon, semble bien décidé à faire parler de lui à défaut des problèmes de ses électeurs quitte à ressembler à s’y méprendre à une des marionnettes de l’info. Il s’en est pris une nouvelle fois aux journalistes qu’il utilise alternativement comme faire valoir ou punching-ball. C’est facile, ça ne coûte rien et tous les damnés de la terre aiment ça. Il y a ajouté pour sa rentrée parlementaire une grosse pincée de provocation vestimentaire se présentant chemise ouverte en arguant que c’était un des canons de la mode à Marseille. Il ne lui manque plus que la gourmette, les fameux cinq doigts six bagues et pourquoi pas la médaille sur poil si tant est que sa pilosité soit au rendez-vous. On sait enfin qu’il veut s’installer dans notre bonne ville entre la mer et la gare. En attendant il n’en finit pas de dérailler.
Ravier crée la surprise
Un observateur l’affirmait mordicus : « ce serait une surprise si Stéphane Ravier était battu » aux législatives. Et ce le fut nettement pour celui que ses détracteurs surnomment le dictateur nord phocéen, son adversaire d’En Marche l’avocate Alexandra Louis le renvoyant sèchement dans le box des recalés. Le sénateur-maire de ce secteur déshérité de Marseille a fini par payer un splendide isolement. Il a en fait plus d’ennemis dans son camp qu’à l’extérieur et la très forte abstention témoigne sans doute de cette désaffection d’une partie de ses supporters. Il doit aussi compter sur sa note sans frais, sur ses outrances et provocations qui lui servaient jusqu’ici de politique alors que les électeurs ont manifesté partout en France et à Marseille leur désir de changement. Il aura à choisir demain entre son mandat de sénateur ou celui d’élu local. Un choix qui sera sans doute guidé par sa stratégie au sein même du FN. Il faisait partie des durs du mouvement présidé par Mme Le Pen. Depuis les législatives sa position enregistre un certain mou.
Modem d’emploi
Jean-Luc Bennahmias a été touché par la tourmente qui a fait s’envoler un certain nombre d’espoirs nourris par le Modem quant à la direction du pays. Un assistant parlementaire a expliqué aux enquêteurs que bien que répertorié comme un des collaborateurs du « Marseillais » il n’a jamais réellement travaillé pour lui. Misère. Si ce sont maintenant les parachutés qui introduisent dans la cité phocéenne des emplois fictifs on est foutu. Lors de la présidentielle M. Bennahmias n’avait pas fait autour du Vieux-Port l’unanimité en revendiquant son ancrage marseillais. Le voir rattrapé par le soupçon ne semble pas non plus émouvoir les foules. A lire sur les réseaux sociaux quelques réactions, on se dit que son enracinement local est limité au périmètre de sa permanence. Il devrait prendre garde car dans les quartiers, c’est un peu comme au Vélodrome : on n’aime pas les étoiles filantes.
La mairie qu’on vous dit
Christian Estrosi a toujours une longueur d’avance. Selon Renaud Muselier qui lui a succédé à la Région. Il sait anticiper explique l’élu marseillais qui admire visiblement les qualités de pilote du maire de Nice. Ce dernier aurait compris en tout cas qu’avec la loi sur le cumul des mandats un mandat local va peser lourd dans l’avenir. D’où son choix d’abandonner la présidence de l’assemblée régionale. Et puis pour un UMP Macron compatible, il fera mieux fructifier un dialogue avec le gouvernement en tant que maire que dans une assemblée où les antagonismes sont exacerbés à défaut d’être sincères. On peut parier du coup que la bataille à Marseille pour la succession de Jean-Claude Gaudin va être violente. Il n’est pas certain malgré une promesse faite au maire que Jean-Luc Mélenchon s’en désintéresse lui qui estime avoir été bien élu à Marseille alors qu’il considère ailleurs l’abstention comme une sanction pour Macron. En Marche et sa forte représentation parlementaire aurait tort de ne pas s’engager. Quant à la gauche, elle devra se contenter de quelques miettes ou se féliciter comme Samia Ghali d’avoir un siège douillet au palais du Luxembourg.
Les escadrilles
Foi de Chirac (encore lui), les « emmerdes volent toujours en escadrille ». C’est ce que doit penser le maire de Marseille qui a été entendu par les policiers sur des marchés passés entre la Métropole et la Société des eaux de Marseille. Pour venir compléter ce vol groupé, La Provence nous apprend que la ville vient « précipitamment » de revoir à la hausse la contribution au travail de ses employés. Le fait que là encore les enquêteurs ont entamé une investigation sur l’emploi du temps des collaborateurs du Samu social seraient le déclencheur de cette réorganisation précipitée. Cela n’est pas sans rappeler la mise au pas du parc automobile de la municipalité qui semblait disproportionné au vu des difficultés financières de la cité. Les semaines à venir seront sans doute instructives à moins que la torpeur de l’été ne fasse retomber l’attention des Marseillais.
Kert, biographe
« Ah ! comme on s’accoutume au bonheur ; hélas ! on ne le connaît bien que lorsqu’on l’a perdu. » Ainsi écrivait en septembre 1777, Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau à Marie Thérèse Sophie Richard. Christian Kert, qui vient d’être sèchement battu dans sa circonscription d’Aix-Ouest, va avoir le temps de méditer cette sage affirmation. Il quitte l’Assemblée après y avoir longuement siégé de 1988 à 2017. Chargé des médias par ses pairs, il a sans doute goûté de près l’art d’écrire. A 70 ans, il compte s’attaquer à une biographie de Mirabeau. On attend avec intérêt le travail de ce juriste. Il a regretté, lors de sa dernière campagne, les scores qui ne furent pas à son avantage sur Aix. Il pourra se venger en fréquentant dans ses recherches Mirabeau qui n’aimait pas beaucoup les Aixois. Ces derniers ont quand même donné le nom de leur plus belle artère à ce tribun hors pair.