Comment les services financiers peuvent-ils contribuer au développement des métropoles méditerranéennes ? Chiffres à l’appui, le thème a été débattu lors d’une conférence à la Villa Méditerranée. Marseille peut mieux faire pour affirmer son rôle de place commerciale et financière. Sur l’autre rive de la Méditerranée, Casablanca veut être la porte d’entrée des capitaux en Afrique.
Est-ce la métropole qui crée la finance ou la finance qui fait la métropole ? Sans trancher sur cette question de l’œuf ou la poule, on peut aisément affirmer que l’une ne va pas sans l’autre. « Si la finance et les métropoles existent, c’est avant tout parce qu’il y a des gens qui veulent échanger », a résumé Bernard Paranque, économiste, lors d’une table ronde consacrée à la finances et aux métropoles en Méditerranée, à l’occasion de la Semaine Economique de la Méditerranée qui se tenait à la Villa du même nom.
L’argent étant souvent le nerf de la guerre, les métropoles ont besoin des services financiers pour développer leur attractivité et leur potentiel économique. La stratégie semble payer, puisque selon certaines statistiques, les services financiers contribueraient à hauteur de 27% du PIB des principales cités des pays développés, contre 22% dans celui des villes de pays émergents. Incontestablement, la présence de banques, de places boursières et de professionnels de la finance attire les centres de décision et de pouvoir que constituent les sièges des grands groupes, générant croissance et emplois là où ils s’implantent.
A peine 10% des entreprises cotées en France sont originaires du Midi
A cet égard, Marseille, la Provence et plus généralement le Sud de la France peuvent mieux faire. Ainsi, comme l’a rappelé Guillaume Mordelet, manager Méditerranée pour Enternext, filiale d’Euronext dédiée au financement par la Bourse des PME et ETI, sur les 750 PME et ETI cotées sur Enternext, 540 sont françaises ; dont à peine 10% dans la zone couverte par les trois métropoles du Sud de la France, Marseille, Nice et Montpellier. Une situation liée au fait que la plupart des entreprises du Midi sont de petite taille, et que la Bourse n’est pas un moyen de financement adapté à toutes les entreprises.
La région compte pourtant de nombreuses sociétés innovantes et qui ont besoin de lever des fonds pour accélérer leur développement. Ainsi, Supersonic Imagine, entreprise aixoise spécialisée dans l’imagerie médicale, a levé en 2014 la somme record de 50 millions d’euros ; Inside Secure, spécialiste aixois du paiement sans contact, a pour sa part levé plus de 80 millions d’euros en 2012… même si ce fut pour mieux dévisser ensuite.
La présence d’une communauté d’incubateurs, de pépinières, et d’organismes financeurs, ainsi que la création de programmes comme Start in Provence ou Aix Marseille French Tech, favorise néanmoins l’implantation d’entreprises à haut potentiel dont la région a grand besoin pour combler son déficit d’emplois. La ville de Marseille pourrait aussi tirer davantage profit de sa situation géographique pour jouer son rôle de porte de l’Orient, et plus largement de pont entre l’Europe et l’Afrique, dont le boom économique pourrait bénéficier aux entreprises françaises.
Casablanca veut être la porte d’entrée des investisseurs en Afrique
De l’autre côté de la Méditerranée, Casablanca a bel et bien l’intention de miser sur les services financiers pour se développer. Le royaume du Maroc veut en effet devenir, avec Casablanca Finance City, la place financière reliant le Nord et le Sud, en drainant via Casablanca les investissements à destination de l’Afrique du Nord, de l’Ouest et Centrale, et en s’appuyant sur un réseau bancaire et d’assurance largement implanté en Afrique francophone. Avec un programme immobilier de 100 hectares dédiés au développement de sa future place financière et un plan de développement du grand Casablanca chiffré à près de 3 milliards d’euros, le Maroc compte faire de sa capitale économique la métropole financière de l’Afrique du Nord et de l’Ouest, en prévision du boom économique attendu en Afrique. Sur le continent, l’afflux de capitaux sera nécessaire pour créer des entreprises et des emplois pour ses 2 milliards d’habitants prévus en 2050.