Provocateur, inventif, indiscipliné Nos désirs font désordre , le titre choisi pour illustrer la 30e édition des Instants Vidéo donne d’ores et déja le ton d’un des festivals les plus importants en Europe dédié à l’art vidéo et à la poésie électronique. Du 2 novembre au 3 décembre 2017, expositions, installations, performances, projections, rencontres, réunissant 144 oeuvres d’art vidéo et numérique, offriront une totale immersion dans les différentes formes de l’art vidéo dans treize lieux de la cité phocéenne.
L’art vidéo est relativement jeune et dont la paternité revient à Nam June Paik, artiste sud-coréen appartenant au mouvement Fluxus, lors de l’installation de 13 Distorted Tv sets, un empilement de postes de télévision, à la galerie Parnass de Wuppertal en 1963. C’est dans un contexte artistique et géopolitique qui a forcément changé que Marc Mercier, l’un des initiateurs des Instants Vidéo, actuel directeur artistique est revenu sur la genèse et les enjeux du festival lors de la conférence de presse : « Quand on a démarré en 1988 à Manosque, on avait une croyance dans l’art comme outil d’émancipation. Trente ans après, ce qui m’avait réjoui, la chute du mur de Berlin, m’effraie aujourd’hui car il s’est construit depuis plein de murs autour. Mais aussi, des guerres, des camps de détention et des morts en Méditerranée. On pensait qu’il fallait créer des ponts entre les cultures et les publics (…)». Trente ans après, la ligne éditoriale est restée fidèle à ses convictions, comme en témoigne la sélection des œuvres issues de 33 pays et les thématiques abordées telles que les droits culturels, les droits fondamentaux dans le cadre de l’accueil de jeunes Libyens, étudiants aux beaux-arts, mardi 14 novembre au théâtre de la Cité ou Palestine en résistances, samedi 25 novembre au Canopé (ex CRDP).
Et s’il s’avère impossible d’énumérer l’ensemble du programme, voici quelques pistes qui vous indiqueront les temps forts des premiers jours. En préambule du festival, la présentation d’une performance de Lydie Parisse autour de son installation La chambre du cercle 1 suivie d’une discussion avec Pascal Jourdana (La Marelle) et Marc Mercier (Instants vidéo) sur le thème « Poésie et image, chambre et anti-chambre », dimanche 5 novembre au Frac Paca. Puis, place aux festivités avec une grande soirée d’ouverture qui célébrera les 30 ans des Instants vidéo. On y découvrira notamment Immigration in suit case de l’artiste bulgare Neno Belchev, suivie tout au long de la soirée, de la projection d’œuvres d’artistes internationaux représentatifs de la création contemporaine. Des pauses gustatives délicieusement nommées Cabaret d’Omar, clin d’oeil au grand poète persan Omar Khayyâm, pimenteront les entractes, vendredi 10 novembre au cinéma Les Variétés.
Rencontres, projections et expositions
Le lendemain, visite commentée des Installations vidéo en présence des commissaires d’exposition Samuel Bester et Marc Mercier et des artistes présents, suivi d’une performance Toni/Di Pelle de l’artiste italienne Francesca Fini. Dans la foulée, également samedi 11 novembre, à La Friche de la Belle de mai, Voix croisée des artistes marocains Toura Hadraoui et Abdallah Zrika, un spectacle de poésie et de chant tissé à deux voix. Puis Tous au poste de télévision débutera avec un après-midi entièrement consacré au média cathodique, avec un hommage à Jean-Christophe Averty, précurseur de l’art vidéo, suivi d’une rencontre autour de l’histoire de la télévision, en présence d’Alain Bourges (vidéaste, enseignant vidéo, critique de télévision) et de Richard Skryzak (vidéaste et écrivain). Enfin, quatre distributeurs d’art vidéo européens (France, Belgique, Suède et Pays-Bas) rendront un hommage critique à la télévision avec la diffusion de leurs archives respectives (1971/2007), à la Friche de la Belle de mai. Il faudra se rendre à La Fosse pour y découvrir une soirée Performances et Art vidéo, au cours de laquelle un hommage sera rendu à Phil Spectrum du groupe Leda Atomica, figure emblématique de la scène musicale marseillaise, et au philosophe Jean-Paul Curnier avec la diffusion d’une oeuvre collective Je vois par instants …, dimanche 12 novembre.
Un dernier point important : l’ensemble du festival est en accès libre et gratuit. Poètes et public curieux, prenez date !
Informations pratiques
> Instants Vidéo numériques et poétiques
> du 2 novembre au 4 décembre 2017
> Friche la Belle de Mai, 41 rue Jobin, Marseille 3e
> www.instantsvideo.com