Né au début des 2000 simultanément aux États-Unis et au Japon, le jeu d’énigmes à taille réel, consistant le plus souvent à sortir d’une pièce dans laquelle le joueur se trouve enfermé, envahit la métropole depuis maintenant deux ans. Un phénomène de mode que nous vous décryptons et que nous avons testé pour vous.
Votre oncle Aldo a disparu, ses notaires vous ont invité à venir pour lire son testament et ses dernières volontés. La rencontre a lieu dans un grenier meublé, poussiéreux et rempli de toiles d’araignée. Un joli bazar organisé, plein de babioles. Ce filou de tonton, vous met au défi de résoudre la multitude d’énigmes, 13,5 pour être exact, afin d’ouvrir un mystérieux coffre en bois enfermant son trésor.
Une sortie intergénérationnelle où les plus jeunes sont parfois avantagés
Voici le point de départ de Locked Time, l’Escape Room située boulevard Baille, à Marseille. Une fois enfermés dans la pièce, les joueurs sont déstabilisés par l’ampleur de la tâche. Les clés sont cachées par dizaine, les coffres et cadenas répartis un peu partout dans la pièce. On se prend très rapidement au jeu, avec l’envie tout d’abord de ne pas passer pour un idiot ne résolvant pas les problèmes posés par les créateurs, puis ensuite pour accéder au trésor.
Le décor peut paraître sommaire au départ, sauf qu’une fois dans la pièce, le regard du joueur réalise une gymnastique digne d’un cours de Zumba sous ecstazy. Il se pose partout, balaye la salle, puis part à la recherche d’un indice, d’une boîte, d’une clé, avant de revenir au point de départ et de repartir ailleurs. Micka, l’un des deux créateurs de la salle à énigmes, se veut rassurant : « Généralement, les enfants sont plus à l’aise. Ils jouent bien mieux que les adultes, car ils n’hésitent pas à fouiller et à communiquer. » Dans l’Escape Game, on enlève toute l’inhibition imposée en société, imposant de ne pas toucher aux choses ou de ne rien déplacer. Tout comme demander de l’aide n’est pas vu péjorativement entre les plus jeunes. Le succès grandissant de ce loisir s’explique, par la volonté de vivre l’expérience Fort-Boyard en réel, de réveiller l’âme d’enfant enfoui sous les problèmes d’adulte et les longues journées de travail.
Les Escape Games comme exercice de recrutement
Mais ce n’est pas tout. Les salles à énigmes sont dorénavant utilisées par certaines entreprises lors des entretiens d’embauche. « Avant les entretiens mettaient en avant les personnes qui pouvaient potentiellement écraser les autres et dominer, poursuit Micka. En plongeant les futurs salariés dans une pièce, où ils doivent tous communiquer, collaborer et réfléchir, cela met en lumière d’autres qualités. » Celles-ci sont l’écoute, la hiérarchisation de l’information, la prise de décision, et l’humanisme d’un collaborateur, avec lequel il sera appréciable de travailler. Même si l’ambiance, allant du tombeau égyptien au laboratoire soviétique, est importante. Les clients viennent surtout pour un jeu grandeur nature, que seuls les écrans d’ordinateurs ou de consoles portables avaient la faculté de rendre plus ou moins réel. La communication était alors très peu utilisée dans les jeux vidéos sauf pour les jeux de rôle, via internet, alors que celle-ci revêt une importance primordiale dans cette nouvelle expérience. « Sans communication, vous ne sortez pas et vous ne résolvez pas l’enquête. Cela rapproche les gens et de toutes générations. »
De 5 000 à 20 000 euros, pour l’aménagement d’une salle
Certes, le prix peut paraître dissuasif, et prive une partie de la population de cette distraction. Le ticket moyen se rapproche des 20 euros, pour une heure d’activité cérébrale. Ce montant est la résultante d’un investissement relativement conséquent et d’une activité se déroulant exclusivement en groupe fermé, c’est à dire entre amis ou famille. Dans notre société moderne, rassembler 4 à 6 personnes le même jour à la même heure devient de plus en plus complexe. Donc le plus gros de l’activité se situe le week-end, par tranche d’une heure, l’abattage n’est pas possible. « On a tout fait nous-même, pour minimiser l’investissement. Au départ, nous nous sommes lancés avec un peu moins de 20 000 euros, pour l’aménagement du local commercial dans sa globalité. Avec ce budget, on a pu ouvrir une salle ayant un faible budget mais nous permettant de faire un bon jeu », explique Micka.
Pour créer une salle, il faut tout d’abord avoir une idée de départ, l’ébauche d’un scénario, puis ensuite penser à la décoration. « Pour l’aménagement de notre pièce, nous avons fait les brocantes, des foires aux greniers. Puis nous avons rassemblé tous les objets dans la salle, afin de créer les énigmes et le fil conducteur les reliant. » Cette méthode n’est pas celle utilisée par l’ensemble des créateurs. La société marseillaise Time Out Real Escape Game propose un projet clé en main en franchisant son concept. Avec un apport global estimé entre 100 et 200 000 euros, il est possible à tout entrepreneur de créer son propre lieu, même sans rien connaître de l’Escape Game. Pas besoin d’aimer les maths, le contact humain fera le reste.
Un marché devenu concurrentiel
À dépenser plus de 20 000 euros pour l’aménagement et la décoration d’une unique pièce d’une dizaine de mètres carrés. Dans un milieu économique où la concurrence se fait de plus en plus grande, il devient primordial de se différencier. Quand certains innovent et investissent dans les nouvelles technologies, mettent en scène des acteurs, d’autres mises sur la jouabilité et le plaisir. Apparues à Marseille, il y a seulement quatre ans, les salles se multiplient dans l’ensemble de la métropole, pour atteindre en juillet 2017 neuf locaux. Le marché ne semble pas saturé pour autant, puisque les deux aventuriers que sont Micka et Laurent devraient ouvrir, pour la prochaine rentrée, une nouvelle salle. Le thème choisi sera celui du « voyage dans une autre dimension », comme une illustration de cette nouvelle activité, où le joueur entre pendant une heure dans un monde parallèle.
Pour information, le temps record pour trouver l’ultime clé du coffre enfermant l’héritable de l’oncle Aldo, est figé depuis quelques mois à 36 minutes et 35 secondes. Et pour ceux que l’ambiance grenier intéresse moins, il existe un grand nombre de thèmes allant du laboratoire soviétique, au château d’If, en passant par un scénario inspiré du film Inception. Bref dans l’espace Game, il y en a pour tous les goûts et tous les âges. À vos méninges!
(crédits photos ©Romain Pommier)
Les Escapes Room dans la métropole Aix-Marseille
> Narvik Escape Games (Aix-en-Provence) : 1 salle, 1 thème, 3 à 6 joueurs, à partir de 19€/pers.
> Cinescape (Aubagne) : 2 salles, 2 thèmes, 2 à 7 joueurs, à partir de 20€/pers.
> Reality Room (Gémenos) : 2 salles, 2 thèmes, 2 à 6 joueurs, à partir de 23€/pers.
> Time Out (La Valentine, Marseille) : 3 salles, 3 thèmes, 2 à 6 joueurs, à partir de 25€/pers.
> Exit Game (Marseille) : 3 salles, 3 thèmes, 2 à 6 joueurs, à partir de 19€/pers.
> Locked Time (Marseille) : 1 salle, 1 thème, 3 à 6 joueurs, à partir de 19 €/pers.
> Real Escape Room (Marseille) : 2 salles, 2 thèmes, 2 à 6 joueurs, à partir de 16€/pers.
> Time-out (Vieux-Port, Marseille) : 3 salles, 3 thèmes, 2 à 6 joueurs, à partir de 25€/pers.
> Escape Hunt (Plan de Campagne) : 8 salles, 4 thèmes, 2 à 5 joueurs, à partir de 21€/pers.
JOUEZ AVEC GOMET :
Gagnez deux places* pour une partie d’Escape Game au Locked Time à Marseille en “likant” et en répondant à la question : Combien d’adresses où aller jouer nous vous indiquons ?