Ce phénomène de courses plus ludiques que sportives (lire le premier volet de notre enquête) a une organisation particulière. Étant rarement l’idée de quelqu’un voulant les implanter localement, elles sont souvent inclues dans un plan sur toute la France et centralisées par une agence. Si la visibilité sur le long terme reste difficile à analyser aujourd’hui, leur implantation sur Marseille et la région se fait avec un objectif bien précis. Il s’agit évidement de l’année Marseille Capitale Européenne du Sport en 2017. Et avec un prix oscillant entre 25 et 35€ pour des événements rassemblant plusieurs milliers de participants, les enjeux économiques sont de taille.
Une programmation nationale
Chaque course se décline dans plusieurs villes, elles sont créés à l’échelle nationale. Mud Day, Bubbleday, Color Run et Electrodash sont toutes organisées par de grande agence événementielles qui ont les moyens pour investir plusieurs villes entre le printemps et l’automne. La dernière a été créé par Com’Over qui se décrit comme une «agence organisatrice d’événement dans le sport et l’entertainment en place sur le marché du running et des courses». Autre exemple, Amaury Sport Organisation, qui fait le Mud Day, participe à l’organisation des marathons de Paris, Barcelone et Marseille. Un soucis de diversification les a poussé à créer ces événements mais également une demande nouvelle. Ces agences ont alors misé sur le succès à l’étranger et le constat simple que «les gens cherchent du fun». Elles se sont donc engouffré dans cette «brèche» avec une communication bien rodée au niveau des réseaux sociaux et cette valorisation du fun vis à vis du sportif.
Et l’implantation des ces événements est également bien organisée. Après une première à Paris, Electrodash a débarqué cette année à Marseille dans le cadre des 20 ans d’Euroméditerranée. «On a proposé cet événement à la mairie pour animer cet anniversaire et cela a d’emblée suscité l’engouement» raconte l’organisateur. Pour le Mud Day au lac de Peyrolles (Photo P. Alessandrini – Mud Day Pays d’Aix), la proximité de Durance Granulat qui fournie en boue a été déterminante. L’entreprise s’est même montrée enthousiaste vis à vis de la «bonne opération de communication que cela lui fait» d’être associé à cet événement. Les organisateurs montrent ainsi qu’ils savent s’implanter dans leur environnement.
Phénomène de mode ou durable ?
Aujourd’hui, personne ne peut dire si c’est un phénomène durable ou une simple mode de plus. Mais après 5 ans, on ne constate aucun signe d’essoufflement aux Etats-Unis, ce qui encourage les organisateurs français. En effet, Pascal Quatrehomme, fondateur du Mud Day, estime que la France a «trois ans de retard donc on peut observer ce qui se passe là bas pour anticiper ce qu’il se passera ici». «Il n’y a pas de raison que le concept s’essouffle» affirme-t-on du côté de l’agence Com’Over (Électrodash). Un optimise ambiant semble donc régner autour de ces courses qui attirent de plus en plus de monde. Chacune déclare une progression constante depuis sa création, souvent au delà de ses estimations de base. Par exemple, le Mud Day affirme avoir rassemblé 50 000 participants sur 6 villes en 2014 pour ses premières hors de Paris.
De toutes façons, même si la fréquentation venait à stagner, tous affirment que ce ne serait pas un problème dans l’immédiat compte tenu des succès actuels. Il y a quand même une recherche d’évolution, d’enrichissement de chaque événement pour rester dans une logique de progression. Ainsi, de nouveaux concepts, pas encore dévoilés, devraient voir le jour d’ici 2 ans.
À Marseille pour 2017
Mais à Marseille, il y a quelque chose de plus qui est en jeu, avec, en 2017, le fait que la ville soit Capitale européenne du sport. Pour les organisateurs, c’est une opportunité qui incite fortement à s’implanter dans la ville. Et cela a débuté cette année comme l’affirme Victor Mayer (Bubbleday) «tous les organisateurs qui se positionnent en ce moment le font pour 2017». Il y a donc de fortes chances pour que ce type d’événements se répète au moins jusqu’à cette échéance. Après «la visibilité reste trop floue pour voir à plus long terme» assure-t-on.
Mais de ces enjeux ressort autre chose. La mairie de Marseille a en effet lancé un appel à projet jusqu’à décembre pour les événement sportifs de 2017 pour procéder à l’attribution du label «Marseille Provence 2017». Celui-ci garantit «plus de visibilité, c’est forcément un point fort» garantit Victor Mayer. Même s’il sera possible d’organiser un événement sportif sans passer par ce label, il reste un précieux sésame qui suscite les convoitise de tous ces organisateurs.
Enjeux économiques :
> 25-35 euros, c’est le prix moyen constaté pour la participation à l’une de ces courses
> Entre 5000 et 9000, c’est le nombre de participants recensés pour les courses les plus populaires.
On peut alors estimer le chiffre d’affaires entre minimum 150 000 et maximum 300 000 euros pour un événement unique. Si la plupart des courses donnent une partie de leurs bénéfices ou forment des partenariat avec des associations, cela représente des enjeux économiques importants. De plus il faut rappeler qu’elles sont organisées partout dans le pays et continuent de se développer. Cette année, chaque agence développe son concept dans 7-8 villes en moyenne.