« Aujourd’hui, 90 % du gisement des métaux précieux présents dans les vieux appareils électroniques sont recyclés par trois groupes en Europe mais aucun français », déplore Aloïs Lien, l’un des deux fondateurs de la jeune société Compagnie de France. Pourtant, ce marché représente aujourd’hui plusieurs milliards d’euros. La start-up, créée en mai 2016, développe un outil d’analyse pour évaluer précisément la valeur de métal précieux contenu dans une carte électronique. Baptisée Osyris, cette innovation technologique intéresse déjà de nombreux industriels de la fonderie et sera brevetée dans quelques mois. Un site a déjà été identifié à Gardanne pour accueillir un centre de massification qui utilisera la machine de Compagnie de France. « Actuellement, les affineurs n’acceptent que des volumes de 30 tonnes minimum de matériel. Les collecteurs récoltent les machines usagées sans que le client ne connaissent réellement leur valeur. Osyris permettra d’avoir une estimation précise avec l’assurance d’un prix de revient pour le client de départ », explique Youssef Menjour, le deuxième patron de la société.
Après la récolte à Gardanne, une usine pour fondre les métaux précieux à Fos
Le projet de Compagnie de France est l’une des six start-ups régionales lauréates de l’appel à projets “Jeunes pousses green tech”, lancé par le ministère de l’Environnement. Elle recevra à ce titre une aide de 150 000 euros et un accompagnement technique. Pour compléter ce soutien, Compagnie de France bénéficiera également d’un prêt d’honneur de 40 000 euros du dispositif d’amorçage de Pays d’Aix Développement. Grâce à sa solution innovante, l’entreprise compte recréer une filière locale du recyclage et de l’affinage des métaux précieux issus des cartes électroniques usagées. Elle travaille en partenariat avec un important industriel de Fos-sur-Mer pour déployer une usine nouvelle génération pour refondre les métaux. Ce projet baptisé Flamel pourrait voir le jour en juillet 2019 sur la zone industrialo-portuaire de Fos et nécessiterait un investissement de 5 millions d’euros. Pour mener à bien leur projet, les deux jeunes dirigeants vont s’associer avec d’anciens cadres de l’industrie chimique pour créer une joint-venture dans les jours qui viennent. À terme, ils envisagent de créer une trentaine d’emplois sur le centre de traitement à Gardanne et autant pour l’usine de Fos. Au-delà des frontières provençales, d’autres industriels sont également intéressés notamment à Toulouse.