Présenté en sélection officielle à la Mostra de Venise en septembre dernier, le vingtième long-métrage de Robert Guédiguian La Villa sort dans les salles ce mercredi 29 novembre. Le cinéaste, viscéralement attaché à sa ville natale, est venu le week-end dernier présenter en avant-première son nouveau film à Aix-en-Provence et à Marseille, accompagné d’une partie de la « tribu Guédiguian » : Gérard Meylan, Jacques Boudet et Robinson Stevenin.
Dans ce paysage idyllique qu’est la calanque de Méjean, désertée l’hiver par les touristes, se jouent les retrouvailles d’une fratrie liée par un idéal commun de fraternité transmis par leur père : Angèle (Ariane Ascaride), une comédienne partie vivre dans la capitale, Joseph (Jean-Pierre Daroussin) le frère cadet venu avec sa jeune compagne Bérangère (Anaïs Desmoustiers) et Armand (Gérard Meylan), l’aîné de la famille, le seul à être resté à Méjean et qui succède son père au Mangetout, un restaurant ouvrier. Tous sont réunis au chevet du patriarche, Maurice (Fred Ulysse), victime d’un AVC. Sous cette sublime lumière hivernale propice à la mélancolie, frères et soeur se souviennent de leur jeunesse, font le constat d’un monde révolu, échangent avec les anciens de la calanque que sont Suzanne (Geneviève Mnich) et Martin (Jacques Boudet), en prise à des difficultés financières, leur fils Yvan (Yann Tregouet) « qui parle comme un patron » et enfin Benjamin (Robinson Stevenin), un jeune pêcheur secrètement amoureux d’Angèle. Dans ce huit-clos à ciel ouvert, des liens vont se créer et se défaire et l’arrivée de jeunes enfants migrants va redonner une nouvelle cause à défendre aux plus anciens qui n’y croyaient plus.
Tourné entièrement dans cette calanque « qui m’a toujours fait penser à un théâtre, comme nous l’a précisé Robert Guédiguian, un décor abandonné, mélancolique et beau », La Villa, co-écrit avec Serge Valetti, reprend les thèmes qui façonnent les œuvres du réalisateur tels que la solidarité du monde ouvrier ou l’espoir d’un monde plus fraternel. Fidèle à son chef opérateur, Pierre Milon, le travail sur l’image met en valeur ce lieu unique, avec ses cabanons colorés, son viaduc, les trains qui passent « ressemblent à des jouets d’enfants » pour Robert Guédiguian.
Il réussit, une fois encore, à allier cinéma d’auteur et cinéma populaire, et ce qui peut aussi donner parfois un excès de bons sentiments. En tout cas, tous les personnages ont leur raison d’exister et le cinéaste offre à chacun d’eux l’occasion de s’exprimer, y compris Geneviève Mnich, nouvelle venue dans la tribu et qui compose là un beau personnage. Quant à l’arrivée des enfants, Robert Guédiguian nous explique : « Je ne pouvais pas faire un film aujourd’hui sans parler des réfugiés (…). Je choisis exprès le mot “réfugiés”. Je me moque que ce soit pour des raisons climatiques, économiques ou à cause d’une guerre, ils viennent chercher un refuge, un foyer. »
Informations pratiques
> La Villa de Robert Guédiguian, à voir dès le 29 novembre
– Marseille : Alhambra, Bonneveine, Le Prado, Les3 Palmes, Pathé Madeleine, Les Variétés
– Aix-en-Provence : Le Mazarin,
– Aubagne : Le Pagnol,
– La Ciotat : Lumière
– et un peu plus loin, Pertuis : Le Lubéron> Gérard Meylan sera présent mercredi 29 novembre à 21h au cinéma à l’Alhambra à Marseille.