Madame, Monsieur,
La vérité est que votre espace de vie quotidienne ne cesse de s’élargir avec la multiplication de vos lieux de séjour et de vos temps de déplacement. Et, sans devenir spécialiste en droit public, vous comprenez intuitivement que l’efficacité commande d’adapter le pouvoir local aux territoires d’aujourd’hui. La question ne se posait pas du temps de vos grands-parents qui se déplaçaient peu. La voiture a remplacé la marche à pied. Vous mesurez les difficultés de la mobilité quand vous devez prendre les transports en commun pour vous déplacer d’un point à un autre du département. La commune est le territoire de la marche à pied, la métropole celui des déplacements motorisés.
[pullquote]Vous êtes déjà métropolitain sans le savoir.[/pullquote] La vérité est que toutes les communes qui constituent la plus grande partie du département des Bouches-du-Rhône sont interdépendantes. Pour vous, comme pour les entreprises, les limites communales, dont vous ne savez peut-être pas qu’elles remontent à la Révolution Française, ont peu de sens. Pour autant, si vous payez vos impôts locaux dans votre commune de résidence, vous utilisez tous les jours, les services offerts par d’autres communes dans vos loisirs, vos achats ou pour rejoindre votre lieu de travail. Vous êtes déjà métropolitain sans le savoir.
La vérité, c’est que ce territoire est un tout et que, quelle que soit la commune où vous habitez, vous allez souvent à Marseille, à Aix-en-Provence, à Aubagne, à Martigues à Salon ou à Istres. Vous fréquentez leurs hôpitaux, leurs administrations, leurs salles de spectacle, leur université, leurs stades, leurs musées…sans avoir l’impression de vous retrouver sur une autre planète.
La vérité c’est que nous sommes tous en Provence et qu’il n’existe pas d’identité communale qui serait spécifique aux 93 communes de ce vaste territoire. Vous resterez citoyen de votre commune, où probablement, vous ne passez pas la plus grande partie de votre temps même si vous y voté. Mais vous serez aussi citoyen métropolitain appelé à se prononcer sur l’avenir de votre territoire vécu.
La vérité est que toutes ces communes sont en difficulté dans une conjoncture économique dont vous vivez les incertitudes. Vous rencontrez peut-être des problèmes d’emploi, de logement, d’accès aux services. Vous avez mesuré toutes les difficultés de circulation, les encombrements fréquents, la faiblesse des transports en commun. Vous constatez le niveau des inégalités et la montée de la pauvreté. Votre inquiétude est légitime.
[pullquote]Nous n’avons pas été capables de construire par nous-mêmes un territoire à la hauteur des enjeux de notre temps. [/pullquote]La vérité est que si l’Etat a décidé d’intervenir, c’est parce que, malheureusement, nous n’avons pas été capables de construire par nous-mêmes un territoire à la hauteur des enjeux de notre temps. Nous parlons de métropole depuis 30 ans sans avoir su la faire. Ici, vous constatez tous les jours les difficultés de travailler ensemble : les maires se parlent peu, l’Etat est toujours contesté quelle que soit la majorité gouvernementale, les mots sont violents et les positions sont radicales.
La vérité, c’est que la métropole ne va pas rayer d’un trait de plume les communes qui vont au contraire bénéficier de nouveaux pouvoirs. Demain, comme aujourd’hui, les pouvoirs du maire et de son conseil municipal continueront à s’exercer sur toutes les composantes de la proximité : écoles primaires, éclairage publics, police municipale, centre communal d’action sociale, transports urbains, équipements collectifs comme les stades, bibliothèques, salles de spectacle… La métropole ne va pas déplacer le massif des Calanques ou la Sainte-Victoire ! Elle ne va pas transformer tous ses habitants en Marseillais, en Aixois ou en Aubagnais. Elle ne va pas faire exploser vos impôts locaux.
Demain, lisez le troisième et dernier volet de la chronique de Philippe Langevin.
Relire le volet 1 La vérité doit être rétablie