[Additif : mercredi 11 février 2015, la nouvelle boutique de la chocolaterie a été inaugurée en présence de nombreux élus et personnalités dont le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin]
A l’heure où Poutine boycotte l’agro-alimentaire occidental, les Russes de Saint-Menet tiennent leurs promesses sucrées. En février 2012, devant le tribunal marseillais du commerce, ils rachètent pour 2,25 millions l’usine de chocolat qui employât plus de mille salariés dans le 11ème arrondissement. Ces acquéreurs assurent avoir investi depuis plus de 15 autres millions d’euros afin de faire renaître La chocolaterie de Provence !
[pullquote]Les fèves de cacao arrivent par bateau au port de Marseille.[/pullquote] Venues en gros sacs de jute du Ghana, du Cameroun, de Côte d’Ivoire ou d’Equateur, les fëves de cacao arrivent par bateau au port de Marseille. Elles sont ici épluchées, concassées, broyées, grillées ou cuites. Trois produits dérivent de ce traitement. Le jus de ces fruits, dit “liqueur de cacao” (pouvant devenir du beurre), de la poudre de cacao et du chocolat liquide. Chauffé à trente degrés, ce fluide marron agrège quelques noisettes venues de Turquie. Le tout refroidi et emballé de papier d’aluminium, voici votre tablette sur les rayons de l’épicerie.
Le savoir-faire de la vingtaine des salariés de l’ex-Netcacao les plus déterminés a été conjugué avec le vieux parc de machines existantes, si bien qu’en cette fin 2014, presque cinquante employés auront traité et conditionné deux mille tonnes de chocolat, sous 18 variantes de tablettes. Et quatre espèces principales : noir, au lait, blanc et même casher, ici garanti par les autorités rabbiniques.
[pullquote]Yulia Serykh dirige l’entreprise en souriant.[/pullquote] Entre temps, le propriétaire a changé. De nom, mais pas de nationalité. Au russe ICC, qui contrôle la matière première en Côte d’Ivoire, a succédé la marque DAR, signifiant “cadeau” en russe. Principale actionnaire de cette société, Yulia Serykh dirige l’entreprise en souriant, espérant bien l’année prochaine atteindre les 70 emplois promis lors de la reprise. Cette jeune femme avoue avoir été séduite par ce lieu et son parfum si suave.
A l’époque de sa construction, il y a plus de soixante ans, sur des plans de Fernand Pouillon, Nestlé voulait bâtir ici la “plus grande usine” de son empire, mais au milieu de la verdure. L’endroit est classé, au titre du patrimoine industriel, avec son triple silo de ciment, 50 mètres de haut. L’outil garde actuellement la possibilité, sur quatre lignes de fabrication, de produire 35 000 tonnes de chocolat par an. Mais gare aux crises de foie…