L’autopartage semble petit à petit prendre son envol. À Marseille, après la mise en service de cinq nouvelles stations fin mai à Marseille, Yvon Roche, directeur de Citiz Provence, a répondu à nos questions. Il dresse le bilan des derniers mois et livre ses ambitions pour l’avenir et les prochaines échéances de la société.
Yvon Roche, cinq nouvelles stations sont ouvertes depuis le mardi 30 mai à Marseille, où peut-on les retrouver ?
Yvon Roche. Deux stations ont ouvert rue Paradis, dont une devant le siège d’Air Paca, adhérent de Citiz Provence depuis le début de l’année, et avec qui nous aurons une réunion la semaine prochaine et qui a référencé 20 collaborateurs comme conducteurs de nos voitures ; une sur la place de la Corderie, une autre boulevard Pasteur, dans le 7e arrondissement, et enfin la cinquième devant le siège Paca de Pôle emploi, dans le 10e qui est aussi adhérent et utilisateur de nos voitures, pour ses agents.
Trois semaines après leur lancement, êtes-vous satisfait ?
Y.R. Pour l’instant, quatre adhérents prennent les voitures une fois par semaine sur la station ouverte rue Paradis. Mais les utilisations devraient se développer avec l’adhésion d’Air Paca, dont les bureaux sont voisins à la station.
Vous avez démarré votre activité en 2002, depuis, vous avez parcouru du chemin…
Y.R. Oui, nous sommes à Marseille depuis maintenant quinze ans. À l’époque, nous n’avions que deux voitures, 91 aujourd’hui, dont six à Avignon. Et nous totalisons 35 stations d’accès aux voitures dans la cité phocéenne.
« 2 200 adhérents avant la fin de l’année »
Parlez-nous de vos adhérents. Qui et combien sont-ils aujourd’hui ?
Y.R. Aujourd’hui, on recense 2 000 conducteurs rien que sur Marseille, avec une forte proportion d’avocats et d’architectes, qui utilisent le véhicule pour se déplacer dans la ville. L’aspect pratique joue vraiment. Quand on pend une voiture à un endroit, on la ramène au même endroit. Un arceau sous la voiture bloque la place le temps de location. C’est très apprécié. Parmi les adhérents, 35% sont des entreprises.
Quelle a été votre récente progression et quelles sont vos perspectives concernant votre nombre d’abonnés et votre parc de véhicules ?
Y.R. Depuis cinq-six ans, notre progression annuelle tourne autour des 10%. Nous visons 2 200 adhérents avant la fin de l’année. Notre plan est ambitieux. L’objectif est de passer à 120 voitures avant la fin de l’année, soit une trentaine de plus qu’aujourd’hui.
Quel a été votre investissement pour ces cinq nouvelles stations ?
Y.R. Pour les équiper, il a fallu 10 voitures, ce qui représente un budget de 100 000 €. Nous avons le soutien de la Caisse d’épargne, qui est d’accord pour que notre parc passe à 120 voitures.
Quand espérez-vous un retour sur investissement pour ces dernières ?
Y.R. On estime qu’au bout d’un an et demi, ces stations vont équilibrer les frais qu’elles engendrent. On positionne nos voitures en fonction des adhérents, pour qu’on puisse répondre à une demande du quartier.
L’objectif ? Que les gens n’aient plus de voiture personnelle
Il vous a fallu trouver des partenaires pour vous développer…
Y.R. On recherchait des partenaires, car rajouter des voitures génère des déficits, surtout au début. On a discuté avec la RTM, la Ville de Marseille et la Métropole. On a un statut de coopérative, les collectivités territoriales peuvent entrer au capital. Pour l’instant, on a du mal à capter les partenaires. La Mairie nous fournit les places de stationnement, par deux sur chaque emplacement. Quant à la Métropole, elle est une utilisatrice des véhicules de Citiz Provence pour certains de ses agents, puisque 120 conducteurs y sont référencés.
Au niveau des futurs emplacements, quels sont vos projets ?
Y.R. Sur les deux ans, nous avons 15 stations pré-positionnées. J’ai rencontré Jean-Luc Ricca de la Mairie de Marseille (ndlr : conseiller municipal délégué à la circulation et au stationnement), qui a donné son accord de principe. Ces quinze stations sont prévues pour 2018. Le plan de base sur trois ans consiste à passer à 200 véhicules sur Marseille. On voudrait que ces stations soient placées en centre-ville. Sur les franges où Citiz Provence est déjà implantée. Normalement, on déboucherait sur la rue Paradis avec deux ou trois nouvelles stations qui s’étendraient jusque sur le deuxième Prado. Puis, on voudrait créer des emplacements sur le Prado, jusqu’au parc Chanot. L’objectif ? Que les gens n’aient plus de voiture personnelle.
Ces extensions sont-elles en lien avec les discussions avec la métropole dans le cadre de l’agenda de la mobilité métropolitaine ?
Y.R. L’agenda métropolitain prend en compte le phénomène de l’autopartage, puisque cité dans la partie sur la mobilité. Mais on doit rencontrer les responsables de la Métropole pour accéder aux aides et financements.
Vous prenez en considération l’épineux souci de l’environnement et de la pollution atmosphérique.
Y.R. Nos voitures roulent 23 000 kilomètres par an. L’idée est d’éliminer le diesel et de passer à l’hybride électrique-essence. Pour l’électrique, c’est compliqué par rapport aux besoins de nos adhérents. Nous avons deux voitures électriques, mais leur autonomie est faible. Et pour ce cas-là, les recettes ne correspondent pas aux frais que ça engendre. Sur l’électrique également, on a aidé la société Totem, qui loue des petites voitures 100 % électriques Twizy à Marseille, à se lancer. Nous sommes actionnaires à hauteur de 7% du capital de la start-up.
Avez-vous l’intention de monter au capital Totem ?
Y.R. Non, le but est de l’aider au démarrage, pour que ça se développe. Totem négocie avec la Métropole pour qu’elle les aide à fortement augmenter le service. J’attends que la situation se stabilise. Totem est aussi citée dans l’agenda de la mobilité de la Métropole.
Le fait que la Mairie réquisitionne des emplacements de stationnement pour vous permettre de vous installer ne provoque-t-il pas la grogne de certains riverains, à qui vous auriez pu faire disparaître leur place fétiche ?
Y.R. Un peu… des gens ont l’habitude de se garer à cet endroit-là par exemple (ndlr : l’emplacement du 142 rue Paradis). Mais on contribue à désengorger à la fois la circulation et le stationnement. Il faut savoir qu’une voiture partagée remplace entre sept et neuf voitures personnelles. On enlève des voitures du quartier.
En somme, l’autopartage selon City Provence, c’est comme un parking géant dans la ville, mais qui ne prend pas de place ?
Y.R. Un parking géant qui prend beaucoup moins de place, oui (rires). Les deux tiers de nos emplacements sont directement situés dans la rue. C’est clairement mieux que les parkings souterrains.
C’est le parking du futur ?
Y.R. C’est un service du futur, complémentaire des vélos et des transports en commun et des taxis, qui grognent parfois. Mais tenez, un exemple, la Société de l’aménagement de la Ville de Marseille (Soleam) avait adhéré il y a 10 ans. À l’époque, ils avaient trois ou quatre Twingo, qu’ils louaient très cher. Au bout de trois ans, ils ont rendu les voitures et ont adhéré chez nous. Et ils ont fait même des économies. La CCI régionale est aussi adhérente. Elle a aussi réalisé des économies grâce au service d’autopartage.
Citiz Provence : vive la croissance ! L’entreprise d’autopartage a enregistré une progression de 15% de son chiffre d’affaires au mois de mai 2017, par rapport à mai 2016. |