Jusqu’au samedi 8 avril 2017, la galerie Jean-François Meyer propose « Le silence n’est pas l’ennemi des paroles », une exposition qui regroupe quelques dessins, peintures et terres réalisés par l’artiste André Lauro, entre 2010 et 2016, mais qui ne doit pas faire oublier que cet artiste aime par dessus tout le monumental. À découvrir en chemin vers le Vieux-Port, rue Fort Notre-Dame.
Cette exposition, c’est comme un iceberg : on voit la surface mais on n’imagine pas toute la production qu’a réalisée André Lauro depuis qu’il est artiste. D’autant que ses pièces maîtresses, de très grand format, ne sont pas facilement transportables. Mais cette exposition a tout de même le bel avantage de remettre un peu de lumière sur cet homme qui, à 21 ans, est devenu l’un des derniers collaborateurs de l’architecte aujourd’hui si cité : Fernand Pouillon ! « J’ai voulu être peintre très tôt mais comme j’étais doué pour les perspectives, j’ai eu l’opportunité de travailler pour Fernand Pouillon. Il cherchait quelqu’un pour ses problèmes de perspectives, on nous a présentés et je suis entré dans son équipe. J’étais le plus jeune de l’équipe. Nous sommes alors partis travailler en Algérie, pays d’où je débarquais quelques années auparavant… », se souvient André Lauro.
Remarqué donc par Fernand Pouillon pour son trait, il poursuit encore et toujours les dessins à l’encre de Chine. « J’ai toujours aimé ce matériau. C’est une continuité dans mon travail », signale André Lauro. Une continuité dans son œuvre même si le sujet s’est largement affranchi depuis des problèmes de perspectives et peut avoir un lien plus direct avec l’actualité, comme ceux exposés à la galerie Jean François Meyer tristement inspirés des événements tragiques en France en 2015. D’où le titre de l’exposition et un climat singulier qui émane de cette série.
Si André Lauro avoue aimer le combat du noir et blanc, il n’éprouve aucune difficulté à passer dans le monde de la couleur ou celui de la sculpture. « Celle-ci est arrivée de façon bicéphale ; mes peintures ne sont pas des dessins de volumes » poursuit l’artiste. Par contre, on ne peut s’empêcher d’y trouver quelque chose d’architectural. Même si les terres exposées là sont de petits formats et ne reflètent, comme l’iceberg, qu’une infime partie de sa production. On aime l’expression volontairement décalée de son Minotaure interrogatif. Comme l’artiste, si proléfique, qui se demande ce qui pourrait aujourd’hui le faire vibrer ?
« C’est vrai que j’aimerais désormais faire l’expérience du travail de groupe pour des pièces monumentales. Pourquoi pas en cinquante fois plus grand », conclut André Lauro. Et quand on découvre ses réalisations “totémiques” dans son atelier, on imagine bien une pièce magistrale au centre d’un projet architectural comme les grands noms présents dans notre région en produisent et qui bouclerait la boucle de celui qui a été l’un des derniers collaborateurs de Fernand Pouillon. À bon entendeur…
PRATIQUE
> Le silence n’est pas l’ennemi des paroles – André Lauro
> exposition jusqu’au samedi 8 avril 2017
> du mardi au samedi, de 15h à 19h et sur rendez-vous
> Galerie Jean-François Meyer – 43, rue Fort Notre-Dame, 13007 Marseille
> Tél : 04 91 33 95 01