Depuis des mois, les salariés d’Airbus Helicopters (ex-Eurocopter) à Marignane ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés. L’activité de l’hélicoptériste est en baisse continue depuis la fin de l’année 2015 et les aménagements de temps de travail se multiplient. Dans son discours de rentrée du 19 septembre, le PDG, Guillaume Faury, ne cache qu’à demi-mot les mesures qui devront être prises. Il annonce alors des « mesures d’adaptations complémentaires » évitant soigneusement de prononcer les deux mots tant redoutés. « Plan social », le terme est finalement lâché par le patron d’Airbus Hélicopters le 5 octobre dernier au cours d’un comité européen.
L’arrêt de la vente polonaise tombe au mauvais moment
La rupture brutale des négociations avec la Pologne pour la vente de 50 hélicoptères Caracal le 4 octobre dernier est un nouveau coup de massue pour le groupe. Au premier semestre 2016, ses résultats piquent déjà sérieusement du nez à cause de la crise du secteur pétrolier et de l’interdiction de vol des H225 suite à un accident mortel en Norvège en avril. L’imbroglio diplomatique polonais finit donc de convaincre la direction de la nécessité d’un nouveau tour de vis avec des réductions d’effectifs à la clé.
Un attirail disponible pour éviter les licenciements
« Aucun chiffre ne nous a été communiqué pour l’instant mais Guillaume Faury s’est engagé à ne mettre en place que des mesures volontaires », avance prudemment Didier Hacquart, délégué CFDT. Les syndicats compte âprement négocier sur le nombre de départs et utiliser au maximum l’arsenal d’outils déjà disponibles pour éviter les suppressions de postes. Par exemple, les 8 000 salariés de Marignane dispose d’un compte épargne temps qu’ils vont utiliser dès la semaine prochaine.
Ainsi, 137 collaborateurs resteront chez eux pendant une semaine et 89 arrêteront deux semaines entières. Autre piste, la mobilité vers d’autres sites. Plus d’une centaine de salariés ont déjà été transférés temporairement vers le site allemand d’Airbus hélicoptères « qui a du boulot lui », précise le syndicaliste. D’autres propositions ont été faites aux équipes pour aller travailler sur les autres usines d’Airbus à Toulouse et Saint-Nazaire où l’activité se porte également mieux. « Socialement, ça se passe plutôt bien pour l’instant car il y a plus de volontaires que de places disponibles », affirme Didier Hacquart.
Début officiel des négociations le 26 octobre
Les véritables négociations débuteront le 26 octobre prochain lors d’un comité central d’entreprise. Un expert sera désigné à cette occasion pour trouver les meilleures solutions. Si la situation d’Airbus Hélicopters est certainement délicate, celle de la maison-mère reste confortable : « Airbus est assis sur un trésor de guerre de 9 à 10 milliards d’euros dont il ne sait pas quoi faire. Ils ont largement les moyens de nous donner un coup de pouce en attendant des jours meilleurs », insiste Didier Hacquart. Du côté des bonnes nouvelles, le contrat avec le Koweit devrait relancer la machine dès l’année prochaine et l’autorisation de vol des H225 pourrait également remettre sur le tapis des contrats en attente de cette décision. « Maintenant, on aimerait que le groupe investisse dans les programmes d’avenir, notamment le X6, pour avoir une visibilité au-delà de 2018-2019 », conclut Edwin Liard, représentant FO.